Pigeon 3000, première !
Chère Élisabeth, chère Cat Power, cher Katmandou, Ça y est, c’est le vrai départ, la numero uno de ce dialogue épistolaire enregistré en public ! (potentiel, le public, pour le moment)
Le qi comme un zéphyr
Ces temps-ci, chez moi, c’est… hum, pas exactement la tornade blanche, plutôt une brise ou un zéphyr, pas blanc-blanc non plus, crème disons, ou beurre frais : je fais du tri, du rangement, de la réorganisation (et quand j’arrive au fond d’un tiroir, incidemment, bah je passe un coup de chiffon quoi). Gentiment, à coups de dix minutes par ci par là, quand ça me pique : je ne crois pas que le résultat soit visible, je ne sais pas s’il le sera un jour. Et même si ça dure depuis la rentrée de septembre, ce n’est pas vraiment une bonne résolution prise officiellement. Même pas tout à fait une habitude !
Et donc, c’est quoi, cette brise beurre frais, si ce n’est ni une habitude, ni une bonne résolution ? Eh bien… Je dirais que ça a à voir avec le qi, ou ch’i ou ki (je crois que ça se prononce tchi) ; plus les années passent et plus ma sensibilité à ce concept de circulation d’énergie s’aiguise. Autrement dit et plus prosaïquement : en vieillissant je supporte moins le bordel… ET je constate une satisfaction grandissante au fait d’y remédier. Genre, chaque fois que j’ai un coup de mou, que je passe une journée pas terrible, c’est devenu un réflexe : je cherche ce que je pourrais faire sortir de la maison (faire sortir = faire circuler), parce que je sais que ça va me faire du bien, que bizarrement, ça va me remonter le moral. Comme si ce moral était un ballon d’hélium auquel étaient accrochées toutes mes possessions matérielles.
D’ailleurs c’est un aspect du livre de Marie Kondo qui a été un peu occulté, ou carrément moqué, son côté perché-animiste qui remerciait les objets (avec ma sœur et ma mère quand on trie on fait toujours ça en dégageant un objet : dire merci et au revoir !). Il faudrait que je le relise mais je me souviens que ça m’avait parlé ; moi aussi je crois confusément que les objets se morfondent quand ils ne sont pas utilisés, et qu’ils diffusent une espèce de joie sereine lorsqu’ils le sont. C’est aussi pour ça que j’aime autant les objets d’occasion, ou ceux que je répare, ou que j’utilise souvent ou depuis longtemps ; parce que je les sens chargés de vitalité, empreints de la satisfaction d’accomplir leur destin d’objet. Peu importe que ce soit vrai ou que ce soit moi qui projette, en fin de compte. Ça m’arrange puisque ça va dans le sens de mes convictions écologiques ! (et que, peut-être, un jour, ça m’amènera à une maison bien rangée ? On peut toujours rêver.)
Et toi ? Crois-tu que les objets aient une âme ?
Chou rouge et météodépendance
À part ça, chez toi je sais pas, mais à Paris le soleil a disparu depuis tellement longtemps que je suis en train de mourir à l’intérieur (hum, sur ce sujet-là non plus, ça ne s’arrange pas en vieillissant).
Heureusement qu’on peut utiliser la bouffe pour avoir une dose de couleur : j’ai fait un jus orange-carotte-chou rouge qui m’a donné ce coucher de soleil hystérique pour contrer le so far so gris du vrai ciel. Ça m’a un peu réconfortée.
Toustes derrière Camille Étienne !
Est-ce que tu signes souvent des pétitions, toi ? Et quelle proportion partages-tu ensuite ? Avec qui ? Selon quels critères ?
Personnellement, je signe : pratiquement tout ce qui passe à portée de mon attention (écologie et justice sociale principalement). Il y a même un site qui s’appelle Sauvons la forêt, eux je ne lis même plus intégralement le texte de chaque pétition qu’ils m’envoient : hop, je signe. Parfois aussi, je vais sur Greenvoice (le site de pétitions lancé par Greenpeace), j’en ouvre 10 ou 15 qui me paraissent intéressantes, et zoup en 5 minutes je signe à la chaîne. Je parcours très vite fait : le temps c’est des signatures bébé.
Aurélien a une approche très différente et accorde beaucoup de valeur à son nom : s’il l’appose quelque part, il faut qu’il ait bossé le sujet, qu’il soit sûr d’être en accord avec chaque point etc. Moi, je me considère comme un élément d’une foule. Je suis là pour faire nombre. Et sûrement que parfois je signe trop vite, mais sur la quantité, j’estime être globalement au bon endroit. Après, je ne partage pas tout, et pas avec tout le monde : je filtre un peu plus (l’histoire de la porte du four qu’il ne faut pas ouvrir trop souvent sinon ça cuit pas) : parfois j’envoie à ma famille, parfois j’en parle sur les réseaux sociaux.
La dernière pétition que j’ai relayée c’est celle-ci, qui réclame qu’on taxe plus l’avion.
J’en ai signé plusieurs sur ce thème parce que les assos lancent plein d’initiatives variées (et complémentaires) pour limiter les vols tout en rapportant de l’argent qui pourrait servir à lutter contre le changement climatique, et c’est super : ça montre bien que ce n’est pas indémerdable, qu’il y a des choses à faire. Genre être très nombreux pour parler plus fort que les lobbies, s’agglomérer en une espèce de super-roquet géant qui ne lâchera pas la jambe de pantalon des politiques tant que les lois ne seront pas votées et appliquées.
Déjà plus de 5000 signes, il est temps que je m’arrête !
Je t’embrasse fort, ai hâte de lire ta réponse la semaine prochaine :-)
Valentine